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Podcast #4 : Colette, ma grand-mère : une vie de courage et de résilience (B1)
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Podcast #4 : Colette, ma grand-mère : une vie de courage et de résilience (B1)

Practice your French listening skills with simple vocabulary and key expressions

Today, I’m sharing the inspiring story of my grandmother, Colette Fontbonne, a woman of courage and resilience. Through her life, you’ll practice your French listening skills while learning simple, useful expressions.

It’s a heartfelt journey into the past that will inspire you and help you grow in French. Don’t forget to check out the vocabulary sheet at the end of the podcast!

This podcast is available for premium members only. Upgrade to premium for exclusive extras, such as downloadable PDFs with vocabulary sheets, bonus content, and the English translation.

Colette Fontbonne, infirmière militaire pendant la libération de Paris, se trouve à droite sur cette célèbre photo prise au moment du défilé sur les Champs Élysées.

Bienvenue à tous dans ce nouvel épisode de Learn French with Timo, où nous plongeons dans la vie fascinante de Colette Fontbonne, ma grand mère paternelle. Ce n’est que récemment, par l’intermédiaire de mon père historien, que j’ai connu en détail son destin exceptionnel, témoin de bouleversements historiques et de moments de profonde humanité. 

Une enfance sous le signe du mystère

Colette Fontbonne est née à Nevers le 19 décembre 1922. Sa naissance est entourée de mystère*, car sa mère, Françoise, était célibataire et travaillait dans des hôtels à Clermont-Ferrand et à Paris. À une époque où élever un enfant seule était difficile, Françoise confie Colette à une nourrice, Marcelle, une amie de la famille, tout en lui rendant visite régulièrement. Bien que Colette soit aimée, elle grandit sans père, ce qui l'affecte durant ses premières années.

(*Ce mystère a été résolu grâce à ce podcast. En effet, la fille de Marcelle, Evelyne, est tombée par hasard sur ce podcast et a pris contact avec moi. Elle m’a donné des informations qui m’ont permis de savoir qui était le père de ma grand-mère, mon arrière-grand-père. Cela fera peut-être l’objet d’un nouveau podcast.)

La déchirure de la pension

En 1933, la vie de Colette change quand elle est envoyée dans une école religieuse à Paris. Loin de sa nourrice à Nevers, elle souffre d'être séparée de ses proches. Colette, qui est pleine de malice, doit suivre des règles très strictes et reçoit souvent des punitions. Comme elle ne peut pas voir sa mère tous les dimanches, elle se sent très seule. Même si cette période de sa vie est difficile, elle l'aidera à devenir plus forte et indépendante, des qualités importantes pour son futur.

La guerre : entre courage et terreur

Avec le début de la Seconde Guerre mondiale, Colette entre dans une période où elle prend des risques. Vivant à Tours, elle aide discrètement en transportant des lettres pour des familles juives vers la zone libre. Au début, elle ne se rend pas compte du danger, mais un jour, un gendarme la prévient que ses actions sont de plus en plus risquées. Malgré cela, Colette, guidée par un fort sens du devoir, continue son travail, même si la Gestapo est proche.

La vie à Tours devient très stressante quand un officier de la Gestapo emménage dans son immeuble. Cet homme, grand et imposant, marque Colette avec ses bottes en cuir qui font du bruit sur les marches. Elle se souvient de chaque fois qu'il s'arrêtait devant la porte de sa mère, avec une peur constante qui pesait sur la famille.

Un engagement inébranlable

Malgré les horreurs de la guerre, Colette continue à avancer et choisit d'aider les autres. Elle commence des études d’infirmière à l’hôpital Bretonneau et Saint-Gatien à Tours, puis rejoint l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris en 1943, à seulement 20 ans. Là, elle doit soigner des soldats allemands tout en voyant la souffrance des soldats alliés et français. Ce travail sous la Croix-Rouge est très difficile émotionnellement, mais cela renforce son caractère.

Pendant la libération de Paris en août 1944, Colette voit les combats autour de l’hôpital. Les blessés arrivent de tous les côtés, et elle soigne autant les soldats de la 2ème Division Blindée française que les soldats allemands. Cette période renforce son sens du devoir.

Après ces événements, elle assiste au défilé de la libération sur les Champs-Élysées, un moment immortalisé par une photo iconique, très connue des historiens.

L’Après-Guerre : du Maroc à l’Amérique

Après la guerre, Colette veut fuir la douleur de la perte et les souvenirs difficiles du conflit. En 1945, elle quitte la France pour l’Algérie, où elle commence un nouveau travail comme infirmière de l’air. Plus tard, elle est envoyée au Maroc, à Agadir, pour travailler dans une clinique de chirurgie. Sa beauté et son indépendance attirent de nombreux prétendants, mais elle fait face à une nouvelle épreuve : l'homme qu'elle aime, un sous-lieutenant parachutiste, meurt lors des combats en Indochine. Ce chagrin s’ajoute à la perte de sa cousine bien-aimée Jacqueline, et Colette se retrouve dans une grande tristesse.

Elle décide alors de changer de vie en acceptant un poste inattendu : gouvernante pour une famille américaine à Alexandrie, en Virginie, près de Washington D.C. En novembre 1949, elle quitte le Maroc pour les États-Unis, où elle commence un nouveau chapitre. En tant que gouvernante, elle trouve une nouvelle stabilité et mène une vie américaine assez confortable, gagnant un bon salaire et des primes intéressantes.

Une nouvelle vie en Amérique

C'est lors d'une soirée à Washington D.C. que Colette rencontre celui qui deviendra son mari, Jean Lesoin, un gendarme français travaillant à l'ambassade. Leur mariage en 1953 représente pour elle un nouvel ancrage dans un autre monde, tout en restant attachée à ses racines françaises. Ils forment une famille et accueillent trois enfants : Françoise en 1954, Henri en 1955, et une seconde fille, Sophie, en 1961.

Bien que Colette passe une partie de sa vie aux États-Unis, elle garde des liens forts avec la France. En 1957, après avoir obtenu la nationalité américaine, elle suit son mari lorsqu'il retourne en France, ce qui marque la fin de leur aventure outre-atlantique.

Un retour aux sources

Après plusieurs années de service à l'OTAN*, Colette et son mari décident de s'installer définitivement à Wissant, dans le Pas-de-Calais. Cette petite station balnéaire devient leur havre de paix. Ils y construisent une nouvelle maison et passent les dernières années de leur vie, entourés de souvenirs de leur passé commun.

(*Jean a travaillé dans l'OTAN jusqu'en 1965. L'OTAN quitte la France en 1966 car de Gaulle décide que le pays se dégagerait de cette organisation. Alors, il anticipe le départ de cette structure et quitte la gendarmerie un an avant pour devenir inspecteur des permis de conduire à Nevers jusqu'en 1974. Ayant eu un AVC, il reprend un poste honorifique à Paris en 1975, chef de centre des permis de conduire de Paris et de la région parisienne. Puis en 1986, il prend sa retraite et s'installe définitivement à Wissant.)

Colette décède en 2006, rejoignant son mari, décédé quelques années plus tôt. Leur histoire, remplie d'épreuves, de joies, de voyages, et surtout d'une fidélité indéfectible à leur famille et à leur pays, continue à vivre à travers les récits de leurs enfants et petits-enfants.

Épilogue : l'héritage de Colette

La vie de Colette Fonbonne est un puissant témoignage de courage, de résilience et d’amour. C'est une existence ancrée dans l'histoire, mais aussi très personnelle. À travers son parcours, nous découvrons comment une femme peut surmonter les défis du destin tout en restant fidèle à ses valeurs, à sa famille et à son pays.

Aujourd'hui, leur maison à Wissant représente bien plus qu’un simple souvenir pour notre famille. C'est un lieu chargé de l'histoire de mes grands-parents, où je me sens profondément connecté à eux. Ma grand-mère Colette, avec sa force tranquille et sa détermination, a marqué ceux qui l'ont connue. Son chemin, entre moments de joie et épreuves, continue de nous inspirer. Même après toutes ces années, son histoire vit dans nos mémoires, et son héritage est un rappel constant de son courage et de son dévouement.

Merci d’avoir écouté ce podcast et à bientôt pour de nouvelles histoires et aventures !

Crédits : Ce podcast a été créé à partir des documents, témoignages et photos rassemblés par mon père, Henri Lesoin, ancien militaire et historien.


📚 Retrouver le vocabulaire de ce podcast ici : cliquer ici


Bonus ! Voici quelques photos de Colette et des personnes rencontrées pendant son parcours, par ordre chronologique :

Colette, entourée de blessés pendant la seconde guerre mondiale.

Colette, avec un blessé pendant la seconde guerre mondiale.

Devenue infirmière militaire et sous-lieutenant, elle convoyait les militaires blessés par avion, avec une première mission à Alger le 29 août 1945.

Après la perte de sa mère en 1946, elle a été affectée à Agadir, où elle travaillait à la clinique de chirurgie de novembre 1946 à septembre 1948.

À Agadir, elle attirait de nombreux prétendants et a fait la connaissance d’un sous-lieutenant parachutiste qu’elle aimait, mais qui a perdu la vie lors des combats en Indochine.

À Washington D.C. pendant les années 50.

En 1957, au bord du Potomac dans la Studebaker décapotable de mon grand-père Jean, avec ma tante et mon père.

Colette sur la plage de Wissant avec ses chiens. Mes grand-parents étaient tombés sous le charme de la côte d’Opale.

English Translation:

Welcome everyone to this new episode of Learn French with Timo, where we dive into the fascinating life of Colette Fontbonne, my paternal grandmother. It was only recently, through my historian father, that I learned in detail about her extraordinary fate—one that witnessed historical upheavals and moments of profound humanity.


A Childhood Marked by Mystery

Colette Fontbonne was born in Nevers on December 19, 1922. Her birth was shrouded in mystery*, as her mother, Françoise, was unmarried and worked in hotels in Clermont-Ferrand and Paris. At a time when raising a child alone was difficult, Françoise entrusted Colette to a foster mother, Marcelle, a family friend, while still visiting her regularly. Although Colette was loved, she grew up without a father, which affected her deeply during her early years.

(*This mystery was solved thanks to this podcast. In fact, Marcelle's daughter, Evelyne, came across this podcast and contacted me. She provided information that allowed me to discover who my grandmother’s father was—my great-grandfather. This might be the subject of a future podcast.)


The Heartbreak of Boarding School

In 1933, Colette’s life changed when she was sent to a religious school in Paris. Far from her foster mother in Nevers, she suffered from being separated from her loved ones. Full of mischief, Colette had to follow very strict rules and was often punished. Since she couldn’t see her mother every Sunday, she felt very lonely. Though this period was difficult, it helped her become stronger and more independent—qualities that would be crucial for her future.


War: Between Courage and Terror

With the outbreak of World War II, Colette entered a dangerous phase of her life. Living in Tours, she discreetly helped by transporting letters for Jewish families to the free zone. At first, she didn’t realize the risks, but one day, a police officer warned her that her actions were becoming increasingly dangerous. Despite this, guided by a strong sense of duty, Colette continued her work—even as the Gestapo drew closer.

Life in Tours became incredibly stressful when a Gestapo officer moved into her building. This tall, imposing man left a lasting impression on Colette with the sound of his leather boots echoing on the stairs. She vividly recalled the fear each time he stopped in front of her mother’s door, a constant tension weighing on the family.


An Unwavering Commitment

Despite the horrors of war, Colette remained resilient and chose to help others. She began studying nursing at Bretonneau and Saint-Gatien hospitals in Tours before joining the military hospital of Val-de-Grâce in Paris in 1943, at just 20 years old. There, she had to care for German soldiers while also witnessing the suffering of Allied and French soldiers. Working under the Red Cross was emotionally challenging, but it strengthened her character.

During the Liberation of Paris in August 1944, Colette witnessed intense battles around the hospital. Wounded soldiers poured in from all directions, and she treated both French 2nd Armored Division soldiers and German troops. This experience further reinforced her sense of duty.

After these events, she attended the Liberation parade on the Champs-Élysées, a moment immortalized in a famous photograph widely known among historians.


Post-War: From Morocco to America

After the war, Colette sought to escape the pain of loss and the difficult memories of conflict. In 1945, she left France for Algeria, where she started working as an air nurse. Later, she was transferred to Agadir, Morocco, to work in a surgical clinic. Her beauty and independence attracted many admirers, but she soon faced another tragedy: the man she loved, a paratrooper second lieutenant, was killed in the Indochina War. This grief was compounded by the loss of her beloved cousin, Jacqueline, leaving Colette deeply saddened.

Determined to change her life, she accepted an unexpected job offer as a governess for an American family in Alexandria, Virginia, near Washington, D.C. In November 1949, she left Morocco for the United States, beginning a new chapter. As a governess, she found stability and enjoyed a comfortable American life, earning a good salary and bonuses.


A New Life in America

At a social event in Washington, D.C., Colette met the man who would become her husband: Jean Lesoin, a French gendarme working at the embassy. Their marriage in 1953 marked a new beginning, though she remained deeply connected to her French roots. Together, they built a family and had three children: Françoise (1954), Henri (1955), and Sophie (1961).

Though Colette spent a significant part of her life in the U.S., she maintained strong ties to France. In 1957, after obtaining American citizenship, she followed her husband back to France, marking the end of their transatlantic adventure.


Returning to Her Roots

After several years of service at NATO*, Colette and Jean decided to settle permanently in Wissant, a small seaside town in the Pas-de-Calais region. This tranquil place became their peaceful retreat, where they built a new home and spent their later years, surrounded by memories of their shared past.

(*Jean worked for NATO until 1965. When France left NATO in 1966 under General de Gaulle’s policy, Jean anticipated the departure and left the gendarmerie a year earlier to become a driving license inspector in Nevers until 1974. After suffering a stroke, he took an honorary position in Paris in 1975 as head of the driving license center for Paris and its region. Finally, in 1986, he retired and settled permanently in Wissant.)

Colette passed away in 2006, joining her husband, who had died a few years earlier. Their story—filled with trials, joys, travels, and an unwavering dedication to their family and country—continues to live on through the accounts of their children and grandchildren.


Epilogue: Colette’s Legacy

Colette Fontbonne’s life is a powerful testament to courage, resilience, and love. Her story is deeply rooted in history but remains profoundly personal. Through her journey, we see how a woman can overcome life’s challenges while staying true to her values, her family, and her country.

Today, their home in Wissant is more than just a memory for our family. It is a place filled with history, where I feel deeply connected to them. My grandmother Colette, with her quiet strength and determination, left a lasting impact on those who knew her. Her journey—marked by both joy and hardship—continues to inspire us. Even after all these years, her story lives on, and her legacy remains a constant reminder of her courage and dedication.

Thank you for listening to this podcast, and see you soon for more stories and adventures!


Credits: This podcast was created using documents, testimonies, and photographs compiled by my father, Henri Lesoin, a former military officer and historian.

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