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Podcast #17 : Charles Perrault - Quand les contes pour enfants parlent de sexe, de pouvoir, de danger
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Podcast #17 : Charles Perrault - Quand les contes pour enfants parlent de sexe, de pouvoir, de danger

Improve your French while discovering the hidden meanings behind classic fairy tales

French fairy tales are not as innocent as they seem.
In this episode, we explore the hidden messages behind the classic stories of Charles Perrault—like Little Red Riding Hood, Cinderella, and Sleeping Beauty.

These tales were never just for children. They speak of danger, power, obedience, and desire, often in ways that only adults can truly understand.

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Bonjour à tous, et bienvenue dans ce nouvel épisode de Learn French with Timo.

Aujourd’hui, je vous propose un voyage dans un univers que vous connaissez sûrement depuis l’enfance… mais que vous allez redécouvrir sous un nouveau jour.

Nous allons parler des contes de Charles Perrault. Le Petit Chaperon rouge, Cendrillon, La Belle au bois dormant... autant d’histoires célèbres, souvent considérées comme de simples récits pour enfants.

Et pourtant… derrière la magie et les belles images, Perrault glisse des messages bien plus sérieux, souvent destinés aux adultes.
Dans ses textes, ces messages sont clairement signalés, car chaque conte se termine par une morale explicite. Mais ce n’est pas le cas dans les adaptations modernes, comme les films ou les versions édulcorées, où le sens caché disparaît souvent sous la fantaisie.

Installez-vous confortablement. Vous n’allez plus jamais lire ces contes de la même manière.


Qui était Charles Perrault ?

Charles Perrault est né à Paris en 1628, dans une famille bourgeoise aisée. Brillant, érudit, il se distingue très tôt dans les milieux littéraires et politiques. Juriste de formation, il devient rapidement un homme influent à la cour de Louis XIV, notamment grâce à son poste au sein de l’Académie française.

Il écrit d’abord des discours, des poèmes, des textes religieux et politiques, mais ce n’est que très tard dans sa vie, à presque 70 ans, qu’il publie les textes qui feront sa célébrité : les contes.

En 1697, il publie un recueil intitulé Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités, plus connu aujourd’hui sous le nom Les Contes de ma mère l’Oye.

Dans ce petit livre, on retrouve les histoires les plus célèbres de la littérature française.

Ces récits, inspirés du folklore et des traditions orales, ne sont pas écrits uniquement pour amuser les enfants.
Ils sont aussi destinés aux adultes, et chacun d’eux est accompagné d’une morale explicite.
Perrault y glisse des avertissements, des critiques sociales, et parfois même de véritables mises en garde, notamment à l’attention des jeunes filles.

Il faut comprendre qu’à la fin du XVIIe siècle, tout le monde savait lire entre les lignes : les loups ne sont pas que des loups, les princesses endormies ne dorment pas pour rien, et les pantoufles de verre ne sont pas qu’un joli accessoire.

Sous des dehors merveilleux, les contes de Perrault sont souvent sombres, cruels, ironiques.
Et c’est justement ce double niveau de lecture (visible d’un côté, symbolique de l’autre) que nous allons explorer ensemble aujourd’hui.


Le Petit Chaperon rouge

C’est sans doute l’un des contes les plus connus au monde : une petite fille traverse la forêt pour apporter des galettes à sa grand-mère. En chemin, elle croise un loup, discute avec lui, lui révèle où elle va… et finit par se faire dévorer.

Mais attention : dans la version originale de Perrault, pas de chasseur héroïque, pas de sauvetage in extremis. Le conte se termine sur une note brutale : la fillette est mangée, point final.

Et ce n’est pas un hasard.
Car le loup, ici, n’est pas un simple animal féroce. À l’époque de Perrault, ce loup représente l’homme séducteur, le prédateur sexuel, celui qui manipule, qui charme, qui trompe… et qui détruit.

Le Petit Chaperon rouge, c’est l’innocence, la candeur, la confiance aveugle.
Et le conte est en réalité un avertissement très clair aux jeunes filles : ne parlez pas à n’importe qui, ne vous laissez pas séduire par les beaux discours, méfiez-vous des apparences.

Les plus dangereux ne sont pas ceux qui montrent les dents, mais ceux qui savent se faire aimer.

Ce conte, derrière sa simplicité, aborde donc un thème très sérieux : le danger du consentement naïf, la nécessité d’apprendre à dire non, et la réalité des rapports de force entre les sexes.


La Belle au bois dormant

Une princesse, un fuseau, un sommeil de cent ans, un prince charmant…
En apparence, tout est réuni pour une belle histoire romantique.
Mais quand on lit entre les lignes, on découvre un conte hautement symbolique, qui va bien au-delà du rêve de conte de fées.

Ce long sommeil n’est pas qu’un effet magique : il représente en réalité le passage de l’enfance à l’âge adulte, l’attente nécessaire avant l’amour, le désir, la sexualité, le mariage.

À travers cette image du sommeil imposé, Perrault délivre un message très clair :
Il faut attendre son heure.
Il faut mûrir avant de se lancer dans les grandes aventures de la vie, et notamment dans la vie amoureuse.

Ce n’est pas un hasard si c’est une femme qui dort et un homme qui agit : dans la société de l’époque, la jeune fille idéale devait être patiente, passive, réservée.
La "belle endormie" devient ainsi le symbole d’une féminité docile, préservée, qui ne doit s’éveiller que lorsque le cadre social (ici, le mariage) est prêt à l’accueillir.

Perrault nous enseigne donc la prudence, la retenue, et surtout :
attention aux désirs trop précoces.

La morale du conte est simple : Attendre cent ans, cela peut sembler long… mais le bonheur mérite parfois d’être patient.

Et même si ce message peut aujourd’hui sembler un peu daté, il montre bien à quel point les contes, même les plus doux en apparence, sont souvent porteurs de normes sociales très fortes, parfois même oppressantes.


Le Chat botté

Un meunier meurt et laisse à ses trois fils un moulin, un âne… et un chat.
Le plus jeune, qui hérite du chat, pense avoir tiré la pire part.
Mais ce chat est tout sauf ordinaire : rusé, stratège, manipulateur, il transforme peu à peu son maître en grand seigneur, le fameux « marquis de Carabas ». Et tout cela, sans magie : simplement grâce à l’intelligence, la mise en scène et le culot.

À première vue, c’est une fable amusante.
Mais en y regardant de plus près, le message est grinçant :
ce n’est pas le mérite, ni le travail, ni l’honnêteté qui mènent au sommet… mais la ruse, le réseau, et surtout : l’image que l’on donne de soi.

Le chat ment, triche, vole parfois… mais il réussit.
Il met en scène son maître, crée une histoire autour de lui, contrôle la perception que les autres ont de lui et ça suffit pour tromper le roi et séduire la princesse.

C’est une critique directe de la société de cour de l’époque, mais qui résonne encore aujourd’hui : dans un monde obsédé par l’apparence, la communication l’emporte souvent sur les compétences réelles.


Cendrillon

Et enfin Cendrillon. On y voit une jeune fille douce et patiente, maltraitée par sa belle-mère, qui finit par épouser le prince grâce à sa bonté et un peu de magie.
Mais là encore, le conte porte un double message.

Cendrillon incarne la vertu discrète, la capacité à rester digne malgré les humiliations.
Le conte dit : si vous restez humble, polie, généreuse… vous serez récompensée.
Mais il parle aussi de mobilité sociale, dans une société figée où le mariage était souvent la seule voie d’émancipation pour les femmes.

Et la pantoufle ? Elle symbolise l’individualité, la singularité : une seule personne peut chausser cette chaussure.
C’est une belle manière de dire : “Ta valeur est unique.”


Pourquoi ces doubles lectures ?

À travers tous ses contes, Perrault parle aux adultes autant qu’aux enfants.
Il transmet des conseils de prudence, de patience, de discernement.
Il critique une société où l’apparence prime sur la valeur, où le danger se cache sous un masque séduisant.

Et c’est là toute la richesse de son œuvre : offrir plusieurs niveaux de lecture, accessibles selon l’âge et l’expérience du lecteur.
Les histoires enchantent les enfants, mais proposent aussi aux adultes des réflexions sur le pouvoir, la mort, le temps qui passe, la liberté.


Conclusion

Alors, la prochaine fois que vous relirez un conte pour enfants, demandez-vous :
"Que suis-je en train de lire, vraiment ?"

Car les grandes histoires ont souvent plusieurs couches.
Elles font rêver les enfants, mais elles parlent aussi aux adultes : elles questionnent, elles dénoncent, elles font réfléchir.

C’est ce qu’on retrouve chez Charles Perrault, bien sûr, mais aussi chez les frères Grimm, Andersen, Lewis Caroll, Hergé… ou plus récemment les dessins animés de Miyazaki.
Tous ces conteurs ont un point commun : ils savent parler à tous les âges, avec des récits simples en surface, mais profonds en réalité.

Et c’est peut-être ça, la vraie magie des histoires :
nous accompagner toute notre vie, et révéler quelque chose de nouveau… à chaque lecture.

Merci beaucoup de m’avoir écouté. Si cet épisode vous a plu, pensez à le partager, à vous abonner, ou à me laisser un petit mot. On se retrouve très bientôt pour un nouveau podcast !

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📖 Charles Perrault - Les contes de ma mère l’oye (PDF gratuit et libre de droit) : Cliquer ici


📚 Fiche de vocabulaire pdf : Cliquer ici


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Hello everyone, and welcome to this new episode.

Today, I invite you on a journey into a world you probably know from childhood… but which you’re about to rediscover in a whole new light.

We’re going to talk about the tales of Charles Perrault. Little Red Riding Hood, Cinderella, Sleeping Beauty... all famous stories, often seen as simple children's tales.

And yet… behind the magic and the beautiful images, Perrault weaves in much more serious messages, often intended for adults.
In his original texts, these messages are clearly marked, as each tale ends with an explicit moral. But that’s not the case in modern adaptations, like films or softened versions, where the hidden meaning often gets lost beneath the fantasy.

Make yourself comfortable. You’ll never read these tales the same way again.


Who was Charles Perrault?

Charles Perrault was born in Paris in 1628, into a wealthy bourgeois family. Brilliant and scholarly, he quickly stood out in literary and political circles. Trained as a lawyer, he quickly became an influential man at the court of Louis XIV, notably thanks to his position within the French Academy.

He first wrote speeches, poems, religious and political texts, but it was only very late in life, at almost 70 years old, that he published the texts that would bring him fame: the fairy tales.

In 1697, he published a collection titled Histories or Tales from Past Times, with Morals, better known today as Tales of Mother Goose.

In this little book, we find some of the most famous stories in French literature.

These tales, inspired by folklore and oral traditions, were not written only to amuse children.
They were also intended for adults, and each of them is accompanied by an explicit moral.
Perrault includes warnings, social criticism, and sometimes even real cautions, especially directed at young girls.

It’s important to understand that at the end of the 17th century, everyone knew how to read between the lines: wolves are not just wolves, sleeping princesses do not sleep for nothing, and glass slippers are not just pretty accessories.

Behind their magical appearance, Perrault’s tales are often dark, cruel, ironic.
And it is precisely this double level of reading—visible on one side, symbolic on the other—that we are going to explore together today.


Little Red Riding Hood

This is without a doubt one of the most famous tales in the world: a little girl crosses the forest to bring cakes to her grandmother. On the way, she meets a wolf, talks with him, tells him where she’s going… and ends up being devoured.

But be careful: in Perrault’s original version, there is no heroic hunter, no last-minute rescue. The tale ends on a brutal note: the girl is eaten. Full stop.

And that’s no accident. Because the wolf, here, is not just a fierce animal. At Perrault’s time, this wolf represents the seductive man, the sexual predator, the one who manipulates, who charms, who deceives… and who destroys.

Little Red Riding Hood is innocence, naïveté, blind trust.
And the tale is actually a very clear warning to young girls: don’t talk to just anyone, don’t let yourself be seduced by pretty words, beware of appearances.

The most dangerous are not the ones who show their teeth, but those who know how to be loved.

This tale, behind its simplicity, tackles a very serious theme: the danger of naïve consent, the need to learn to say no, and the reality of power dynamics between the sexes.


Sleeping Beauty

A princess, a spindle, a sleep lasting one hundred years, a charming prince…
On the surface, everything is set up for a beautiful romantic story.
But when we read between the lines, we discover a highly symbolic tale, one that goes far beyond the fairy tale dream.

This long sleep is not just a magical effect: it actually represents the passage from childhood to adulthood, the necessary waiting before love, desire, sexuality, marriage.

Through this image of imposed sleep, Perrault delivers a very clear message:
You must wait for your time.
You must mature before embarking on the great adventures of life, and especially of love.

It is no coincidence that it’s a woman who sleeps and a man who acts: in the society of the time, the ideal young woman had to be patient, passive, reserved.
The “sleeping beauty” thus becomes the symbol of a docile, protected femininity, which must only awaken when the social framework—here, marriage—is ready to receive her.

Perrault therefore teaches us prudence, restraint, and above all: beware of desires that come too early.

The moral of the tale is simple:
Waiting a hundred years may seem long… but happiness is sometimes worth being patient.

And even if that message might seem a bit outdated today, it shows how even the sweetest-looking tales often carry very strong—sometimes even oppressive—social norms.


Puss in Boots

A miller dies and leaves to his three sons a mill, a donkey… and a cat.
The youngest, who inherits the cat, thinks he has gotten the worst share.
But this cat is anything but ordinary: clever, strategic, manipulative, he gradually transforms his master into a great lord, the famous “Marquis of Carabas.”
And all this, without magic: simply thanks to intelligence, performance, and nerve.

At first glance, it’s a funny fable.
But when we look more closely, the message is biting:
It’s not merit, nor work, nor honesty that lead to success… but cunning, networking, and above all: the image we project.

The cat lies, cheats, even steals sometimes… but he succeeds.
He stages his master, creates a story around him, controls how others see him—and that’s enough to deceive the king and win the princess.

It’s a direct critique of court society at the time, but one that still resonates today: in a world obsessed with appearance, communication often outweighs real competence.


Cinderella

Here we see a sweet and patient young girl, mistreated by her stepmother, who ends up marrying the prince thanks to her kindness and a little magic.
But again, the tale carries a double message.

Cinderella embodies discreet virtue, the ability to remain dignified despite humiliation.
The tale says: if you stay humble, polite, generous… you will be rewarded.
But it also speaks of social mobility, in a rigid society where marriage was often the only path to emancipation for women.

And the slipper? It symbolizes individuality, uniqueness: only one person can wear this shoe.
It’s a beautiful way of saying: “Your value is unique.”


Why these double meanings?

Through all his tales, Perrault speaks to adults as much as to children.
He delivers lessons in prudence, patience, and discernment.
He critiques a society where appearance outweighs value, where danger hides behind a charming mask.

And that’s the richness of his work: offering several levels of reading, accessible depending on the reader’s age and experience.
The stories enchant children, but also offer adults reflections on power, death, the passage of time, and freedom.


Conclusion

So, the next time you reread a children’s story, ask yourself:
“What am I really reading?”

Because great stories often have multiple layers.
They make children dream, but they also speak to adults: they question, they warn, they make us think.

That’s what we find in Charles Perrault’s work, of course, but also in the tales of the Brothers Grimm, Andersen, Lewis Carroll, Hergé… or more recently in the animated films of Miyazaki.
All of these storytellers have one thing in common: they know how to speak to all ages, with stories that seem simple on the surface, but are deep underneath.

And maybe that’s the true magic of stories:
To follow us through our whole lives, and reveal something new… every time we read them.

Thank you very much for listening.
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See you very soon for another podcast!

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