Lettre du vendredi #8 : La grande absente
How French Food and Language Share a Taste for Nuance and Ritual
🇫🇷 Want to learn French… through food?
In this new post, I explore how the French language and French cuisine are deeply connected. Why is food such an emotional subject in France? What is a “madeleine de Proust”? Why do so many French fruit tree names end in -ier? And how can TV shows and films about food help you improve your French?
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English translation available at the end of the article
Ce matin, à la recherche de saveurs d’antan, j’ai préparé une faluche légèrement grillée, avec son beurre qui fond doucement et un peu de cassonade pour la touche sucrée. Avec un café bien noir, c’est mon moment à moi. Mon petit ancrage dans la journée. Ma madeleine de Proust, version Nord.
En parallèle, j’ai consulté WhatsApp. Une notification dans un groupe que j’avais pourtant soigneusement archivé (oui, j’ai une politique assez stricte vis-à-vis des groupes WhatsApp : dès que ça bavarde trop, j’archive). Quelqu’un m’avait tagué. Intrigué, je suis allé voir.
Pendant la nuit, des amis mexicains avaient eu une discussion passionnée : chacun devait établir son Top 3 des cuisines du monde. Leur classement était plus ou moins le même :
Mexique (logique)
Japon
Italie
Et la cuisine française ? Absente du classement. Mais ils s’étaient excusés dans un message collectif, d’où le tag :
« Désolé Timothée, on n’a rien contre la cuisine française, hein ! »
J’ai souri. Puis, pour le plaisir, j’ai posé une question simple :
« Vous pouvez me citer trois plats français ? »
Long silence. Aucune réponse.
Et c’est là que j’ai réalisé, une fois de plus, à quel point notre cuisine est peu identifiable à l’étranger. Les gens connaissent nos fromages, nos vins, parfois un plat ou deux vus dans un film d’animation... mais souvent, ça s’arrête là. Pourquoi ? Parce que la cuisine française ne s’exporte pas facilement. Elle ne se simplifie pas bien. Elle ne se vend pas en kit. Elle ne se raconte pas en deux mots.
Elle demande du temps. De la précision. Une certaine culture du détail.
Mais quelle richesse…
Un bœuf bourguignon qui mijote des heures, jusqu’à devenir presque confit.
Une carbonnade flamande, parfumée à la bière brune et au pain d’épices.
Cette soupe à l’oignon gratinée qui réchauffe les cœurs tard dans la nuit.
Un gratin dauphinois au lait entier, sans fromage râpé (s’il vous plaît).
Une tarte flambée en Alsace, un cassoulet à Toulouse, une bouillabaisse à Marseille. La liste est presque infinie.
Et les alcools de fin de repas : calvados, armagnac (que je savoure en écrivant ces lignes), marc de Bourgogne…
Des liqueurs discrètes, profondes, qu’on ne boit pas pour impressionner, mais pour faire durer la table.
Des saveurs d’arrière-cuisine, de cave, de souvenir.
La cuisine française ne court pas après la tendance.
Elle ne s’impose pas. Elle se mérite.
Et peut-être est-ce pour cela qu’elle est si difficile à résumer, et si facile à oublier dans un classement.
Mais quand on la goûte vraiment — pas juste dans un restaurant chic à l’étranger, mais dans une maison, un village, une région — alors elle s’imprime. Pour de bon.
Et c’est peut-être là que la langue et la cuisine se rejoignent. Car apprendre le français, c’est un peu comme apprendre à cuisiner à la française : on ne va pas droit au but, on nuance, on savoure, on tourne autour d’un mot comme d’un plat mijoté. Les deux exigent patience, curiosité, et amour du geste juste. Il faut sentir la matière, écouter les rythmes, goûter les silences. Et quand on y arrive, quand on comprend une phrase comme on réussit une sauce, c’est une joie profonde, presque physique.
Et vous ?
Je sais que vous êtes des connaisseurs.
Quel plat français vous a marqué ?
Lequel aimeriez-vous apprendre à cuisiner ?
Racontez-moi vos souvenirs ou vos envies, je vous lirai avec plaisir.
À bientôt,
Timothée
Que veut dire « une madeleine de Proust » ?
L’expression « madeleine de Proust » désigne un souvenir d’enfance qui revient soudainement,
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